Petite histoire de ma famille maternelle depuis Louis XIII jusqu'à la Révolution Française.
D'après 'Histoire de famille' de Jacques & Solange Dutfoy, 2007.
Estienne DUTFOY: Jardinier de père en fils
Blason des Jardiniers de Paris |
Les jardiniers de Paris cultivaient des terrains « en marais » (d'où le nom de maraîchers) pour produire des denrées (fruits et légumes) qu'ils vendaient aux halles.
Ils étaient organisés en communauté, avec des maîtres, des compagnons et des
apprentis, régie par des jurés dont les prérogatives s'exerçaient sur la ville, ses faubourgs et
sa banlieue. Les enfants aident leurs parents lesquels contribuent à les établir, de sorte qu'on a pu voir s'établir de véritables dynasties de maîtres jardiniers.
Estienne et Jeanne auront
14 enfants : Michel, Mathieu, Marie, Vincent, Jeanne, MarieCatherine,
Pierre, Estienne, Marie, Louise, Adrien, Barbe, François et Robert, notre aïeul.
Tous les
fils, ainsi que les gendres étaient "maîtres jardiniers ' et savaient lire
et écrire (ou au moins signer leur nom), mais les filles ne savaient pas écrire et Estienne, le père, ne savait pas
signer.
Le 26
novembre 1708, peu après le décès de son épouse, "sachant bien qu'il n'y a
rien de plus certain que la mort et rien de plus incertain que l'heure
d'icelle", il fait donation à ses enfants, par un acte appelé
"abandonnement'' de ses biens, essentiellement trois terrains situés rue
de Sève d’une surface totale d’environ 5 hectares
Il décède à Paris en 1716 au début de la Régence de Louis XV.
Robert DUTFOY: Du jardin... à la cour
Robert, le fils cadet d’Estienne, était donc lui aussi maître jardinier et habitait
encore rue de Sève. II épouse vers 1708 Françoise Fromentin. Ils auront 7
enfants vivants : Jacques notre aïeul, Marguerite,
Michel, Marie Françoise, Robert (dont le petit-fils émigrera en Russie en 1829), Jean et Guillaume (très pauvre, qui était "gagne deniers"
(on dirait maintenant journalier).
Robert fait de mauvaises
affaires et perd tout ce qu'il possède en procès. Il vivra, entretenu, les dix
dernières années de sa vie chez son fils Jacques. Ses enfants renonceront à sa succession comme "étant plus onéreuse que
profitable".
Jacques DUTFOY : Faïence et Créances
Jacques est né vers 1715 à Paris. Il épouse en juin 1740 Marie Élisabeth Dubray, fille d’un marchand mercier à Paris. Marie Élisabeth
reçoit de sa mère une dot de 10 000 livres et à la mort de son beau-père une
succession de plus de 25 000 livres.
Jacques, bourgeois de Paris, et Élisabeth auront 6 enfants : Antoine
Jacques, Jeanne Louise, Rose Victoire, Joseph
Marie, notre aïeul et Anne Rosalie. Élisabeth ainsi que tous les enfants, y inclus les filles, savaient lire et
écrire.
Jacques Dutfoy s'établit marchand faïencier. Le commerce de la faïence promet une possibilité de prospérité rapide, la faïence étant l’indispensable matériau des ustensiles des intérieurs aisés, remplaçant petit à petit l’étain. Il fait de bonnes affaires et a une bonne réputation. Il s'est rendu célèbre par ses décorations de table et est reconnu comme un "artiste de son temps qui construit des palais quand ses prédécesseurs faisaient seulement des vergers et des gazons, avec colonnades, entablements, chapiteaux, frontons ... Il y faisait des feux d 'artifice. On allumait une mèche soigneusement cachée et le temple se couvrait de feux odorants et de toutes couleurs ...". Malheureusement ses clients ne payaient pas toujours dans les délais, éventuellement jamais.
Quand Jacques meurt à 54 ans, son fils Antoine s'est déjà établi marchand faïencier. Il va alors s'occuper de l 'affaire de son père dont les clients doivent
beaucoup d'argent et dont plus de 40% des créances étaient considérées comme
douteuses!
Mais les
affaires vont aller mal aussi pour Antoine et en 1775, les dettes vont
dépasser les actifs.
Les
créanciers vont demander des comptes. L'huissier chargé de l'inventaire laissent exposés au pillage ses biens et marchandises, à commencer par ce qui était d'un
plus grand prix. Les créanciers entreprennent les démarches pour défendre leurs
droits. Le 10 septembre 1778, Antoine, abandonne ses actifs à ses créanciers.
Joseph DUTFOY : Toiles indiennes
Joseph Marie Dutfoy est le cinquième enfant de Jacques Dutfoy et Élisabeth Dubray; il est né à Paris en Mars 1753. À la mort de sa mère, il a 24 ans et il est "garçon marchand mercier''. En Novembre
1781, il épouse Anne
Marie Geneviève Surville à Saint-Louis-en-l’Ile et s’installe marchand mercier, rue
Saint-Denis en face du marché des Innocents,
à l'enseigne de "A la belle
Anglaise”, magasin de
toiles Indiennes, toiles de Jouy...
Le goût du public pour des étoffes légères, gaies et colorées comme les indiennes de coton reflète l'ouverture aux produits nouveaux
et marque le début d'une pré-révolution industrielle causée par la mécanisation de sa fabrication.
Le couple n'aura qu'un seul enfant : François Joseph, né en Avril 1782. Il n’y a pas de trace de la famille
pendant la révolution française, ni jusqu’à la mort d'Elisabeth en 1833. Cependant
les affaires ont dû être prospères, à voir la manière dont François Joseph s’est installé manufacturier de toiles peintes à Saint-Denis. (voir le post de Mars
2017).